Avant toute chose, j’ai une déclaration à faire : j’arrête (au moins pour un temps) de vouloir absolument lire un livre dès que j’entends qu’il est problématique. Je me fais du mal inutilement et je me dis qu’il est temps d’arrêter (le monde qui nous entoure est déjà bien suffisant je crois).
Cela étant dit, j’ai voulu lire ce roman en toute connaissance de cause, et j’ai pu le faire grâce à Mx Cordélia qui ne savait pas quoi faire de ce livre problématique qui encombrait inutilement sa bibliothèque. Merci à elle au passage.
Pour en revenir à nos moutons, et précisément au livre qui nous intéresse ici, je ne vous cache pas que j’ai regretté ma décision dès les premières pages. Si vite ? Et ben ouais… Parce que voir une ado préparer sa valise et se lamenter de ne pas pouvoir y mettre toutes ses tongs à paillettes, puis voir sa mère se lamenter sur son poids en se regardant dans le miroir, le tout en trois pages, ben déjà, merci la représentation des femmes quoi !
Bon ensuite, qu’est ce qui se passe ? Nina, sa mère et sa petite sœur partent toutes les trois en Espagne pour les vacances. Nina va au passage y retrouver un garçon qui est un ami, mais peut être plus si affinités, mais ça reste à définir…
Lors d’une soirée un peu (beaucoup) trop arrosée, Nina récupère un sac à dos en pensant que c’est le sien, sauf que non. Dans ce sac, elle trouve un carnet avec des dessins assez torturés, signés XYX. Après enquête, et parce qu’elle se sent coupable d’avoir embarqué le sac de quelqu’un d’autre, elle découvre que quelqu’un a taggué cette même signature dans un skate parc. L’enquête continue, et apparemment, le sac appartient à une personne qui s’est fait virer de chez elle par son père. Mais pourquoi donc ? Suspense insoutenable ! (non en fait, ça sent le sapin cette histoire, et ça se confirme avec la suite)
Alors, déjà, dès le début, Nina pense que le sac appartient à une fille (rapport au mascara vert qu’elle a trouvé dedans). Mais au fil de l’enquête, on découvre un prénom de garçon. Hum, c’est louche cette histoire… Vous le sentez venir le truc foireux là ?
Et que signifie donc ce XYX ? Hum, mystère, mystère…
Avant de passer à la suite, et vous laissant sans doute un suspense absolument insoutenable, je fais une petite parenthèse. Dès le début du roman, et cela s’est confirmé par la suite, j’ai constaté que l’autrice avait un certain souci de rendre son histoire pédagogique. Ainsi, on en saura plus sur l’histoire de Barcelone, sur les Catalans, on apprendra de nombreux mots espagnols, au passage on en découvrira aussi un peu plus sur le Honduras. Bref, vous voyez l’idée. Alors, honnêtement, c’est louable hein. Personnellement, ça m’a un peu agacé de voir des nombreux cours d’espagnol « habilement » cachés ici et là, mais soit, je n’ai pas l’âge du public visé, et en plein apprentissage de cette langue, j’aurais peut-être apprécié de pouvoir réviser mon vocabulaire au passage…
Mais ! Évidemment, cela ne s’arrête pas là, et l’autrice a voulu traiter la transidentité comme un sujet pédagogique. Alors, encore une fois, sur le principe, pourquoi pas. Après tout, Appelez-moi Nathan est pour moi une BD pédagogique sur le sujet. En ce qui me concerne, je trouve que ça l’est un peu trop, et aussi trop « parcours typique et obligatoire », mais la BD n’est pas mauvaise, et à mon sens, on peut la faire lire à des ados sans problème.
Mais ici, ça ne va pas du tout ! Et le pire du pire, c’est que l’autrice semble s’être un minimum renseignée ! Mais mal et clairement pas assez…
Donc pour revenir au sujet. Nina et ses amis finissent par retrouver Silvano pour lui rendre son sac. Et là, surprise ! On apprend que Silvano est une fille trans, et que son père ne l’accepte pas du tout.
– Quand j’ai enfin trouvé le courage de dire à mon père que je voulais suivre un traitement, il m’a fait hospitaliser. Quelques jours après, le psychiatre lui a certifié que je n’avais aucune maladie mentale. Il fallait m’aider à devenir celui que j’étais réellement, celui que je ressentais être.
Oh une personne transgenre qui se mégenre elle-même, c’est y pas beau ça ?!
Suite à cela, Nina et ses amis vont se renseigner sur la transidentité, et se mettre en tête d’aider Silvano (qui n’a rien demandé).
On a lu des témoignages de transgenres qui s’étaient, comme Silvano, retrouvés virés de chez leurs parents quand ils avaient annoncé vouloir passer à leur transformation physique. Certains racontaient comment, isolés, ils étaient tombés dans la drogue et la prostitution. Les cas d’automutilation étaient fréquents (faire souffrir ce corps qui n’est pas son vrai corps), comme les cas de suicide.
Paye ta représentation des personnes transgenres ! On parle forcément d’opérations et de transformations physiques, de mal-être, de mauvais corps… Merci le regard cisgenre, et le côté pathologisant.
Donc, là nos héros veulent aider Silvano, et décident de se rapprocher d’une association lgbt.
Bon, j’ai oublié de préciser. Mais comme il se doit, tout le monde genre Silvano au masculin hein. A un moment, Nina tente d’expliquer à sa petite sœur ce qu’est la transidentité. Et elle précise bien que Silvano n’est pas une bête de foire, alors que tout le roman va dans ce sens…
Donc Nina et ses amis se rendent dans une association qui vient en aide aux personnes transgenres en disant qu’ils souhaitent aider Silvano. La personne qui les reçoit (elle-même trans) mégenre aussi allègrement Silvano et leur raconte pas mal de bullshit (l’autrice tente un contenu pédagogique, mais c’est raté), par exemple :
Quand on n’a pas l’habitude, rencontrer une personne trans peut être déstabilisant. Je me souviens que lorsque j’étais encore une fille, les gens me regardaient avec un certain malaise. Ils ont besoin d’être rassurés, de savoir s’ils doivent dire « il » ou « elle », sinon ils ne savent pas comment se comporter. Une fois que j’ai été opéré et que je suis devenu officiellement un individu de sexe mâle, les gens m’ont regardé normalement. Ils se sentaient mieux avec moi et je pouvais donc être plus à l’aise avec eux.
Bon, là y a rien qui va. J’ai juste envie de vomir, et je pense avec une infinie tristesse aux personnes transgenres qui auraient le malheur de lire ce livre. Nan mais qui peut écrire un truc pareil, sérieusement ! C’est d’une violence innommable.
Ce livre est un tissu de conneries, et de violences à l’égard des personnes trans. Silvano est mégenrée tout du long, et n’est qu’un prétexte pour apprendre des choses à des personnes cisgenres, d’un point de vue cis, et complètement erroné. Silvano est montrée comme une bête de foire, et en plus, est reconnaissante de l’aide que lui ont apportée les autres !
Bref, n’achetez surtout pas ce livre et ne le lisez pas !